Dans le cadre des Z'apéros, nous avons eu le plaisir d'entendre Luc
Oesch qui a présenté une conférence sur « Les enjeux de la prévoyance
professionnelle en Suisse ».
Compte-rendu
Michel Gut
allume la mèche et le coup de feu du zoom du jour (c’est le cas de le dire),
c’est Françoise Jaton Gerster qui le donne en nous confiant le déménagement de l’ECA
et les nouveaux bâtiments qui vont nouvellement accueillir cette institution à la Blécherette.
Elle hébergera l’urgence feu, sanitaire et ambulancière ainsi que l’état-major
de conduite cantonal ; ces numéros qui nous sont familiers 144,117,118.
Nous sommes bien gardés !
1 Mot de notre présidente Line Depraz
Et voilà, c’est
le dernier zoom. Les lunchs en présentiels vont reprendre le vendredi 11 juin
avec une capacité de 50 personnes maximum réparties. Pour les lents de la gâchette,
c’est le vendredi suivant que leurs places seront réservées. Et pour la
passation de pouvoirs après cette année plus que particulière, c’est à l’Ecole
hôtelière de Lausanne que Line et Marc-Antoine nous accueilleront avec une capacité maximum
de 75 personnes dans 3 salles différentes.
Conférence de Luc Oesch sur les
enjeux de la réforme de la prévoyance de l’AVS (assurance vieillesse, 1
er pilier) et de la LPP minimum (prévoyance professionnelle minimum, 2ème
pilier).
Une prévoyance dans l’impasse
Le marasme est à venir et
le Centre Patronal (CP) souhaite soumettre un projet suisse qui trouve
l’acceptance politique. Plusieurs réformes ont déjà connu entre 2004 et 2010
des échecs, soit la 11ème révision de l’AVS (Pascal Couchepin) puis les
modifications LPP rejetées. Si le projet AVS 21 avec son augmentation de l’âge
de la retraite et le projet LPP 21 avec sa capitalisation bancale (au
final redistribution malvenue pour les 2 piliers) sont seules échappatoires
vers un salut de la rente, alors nous avons du pain sur la planche. Et ce n’est
pas la petite bouffée d’air des 2 Mia destinés à l’AVS qui sauveront son fonds à long terme. Donc augmenter l’âge de la retraite ? hausse de la TVA ?
L’espérance de vie et son impact sur
les objectifs de rendement
Elle augmente et le COVID
n’est qu’un épiphénomène qui n’a eu en Suisse aucun impact sur la mortalité. En
2007, ce sont 3.7 actifs qui financent 1 retraité. En 2035 plus que 2. La base
du sapin démographique devient de plus en plus étroite et en 2040, le fond
AVS sera vide. En 1990, les obligations de la confédération apportaient
5-7% de rendement sans risque. En 2020, le portefeuille se diversifie entre l’immobilier
qui améne une performance acceptable et un niveau de risque mesuré et les actions qui continuent d'assurer un rendement, malgré la volatilité des marchés. Les investissements alternatifs viennent compléter l’enveloppe.
Séduire tous les bords de l’échiquier
Vous réhaussez l’âge de
la retraite, vous froissez la gauche, vous augmentez les impôts, c’est la
droite qui râle, vous augmentez les prélèvements salariaux et diminuez
la rente, tout le monde crie. Pas simple. Alors il reste à renflouer le pot des
recettes, mais là ce sont les jeunes qui trinquent. Gare à l’équilibre
générationnel. Le travail du CP est soutenu par l’entreprise suisse alémanique de Lobby Farner Consulting, car ce sont notamment les parlementaires d’outre-Sarine qui
donnent le tact de la réalisation avant exécution par le gouvernement. Les
calculs ont été réalisés par l’Université de Lucerne (Prof. Schaltegger) et le
sondage de la population par l’Institut certifié Sotomo.
Le modèle durable du CP et sa conférence de presse
après 20 ans d’immobilisme
Pour l’AVS : plus
vite dans la vie active, plus vite à la retraite, voici le credo. Il faut commencer
à 18 ans et non 21 et parler d’années de cotisations (44 ans au mieux)
et abolir le principe de l’âge légal de la retraite avec une fourchette
entre 40 années (mais pas avant l’âge de 60 ans) et 48 années au plus tard de
cotisations. Selon les prévisions, ce sera à terme une durée de 45 années et 7 mois qui
sera le Gold standard. Une augmentation de la TVA et des cotisations salariales
par paliers de 0.25% seront néanmoins nécessaires.
Pour la LPP : Le
passage du taux de conversion de 6.8% à 6% se fera sur 8 ans.
Les remèdes
Introduction
des cotisations dès 18 ans au lieu de 25 ans.
Supprimer
aussi la déduction de coordination entre 2 revenus à temps partiels qui
ne sont respectivement que partiellement soumis à la cotisation (2 x CHF 40'000.- de salaires donnent actuellement une cotisation effective de 2 x CHF 15'000.- environ). Ce
ne sera pas du goût des petits employeurs.
Régime
de couverture LPP obligatoire pour les indépendants.
Abaissement
du taux de cotisation pour les salariés de plus de 50 ans.
Les
buts sont de maintenir le niveau des rentes, d'intégrer les femmes sur le
marché de l’emploi, de simplifier la gestion du 1er et du 2ème
pilier sans pour autant les fusionner, d'acquérir une forte acceptation des jeunes et de favoriser l'employabilité des seniors.
L’heure des questions
Notre présidente Line Dépraz se questionne
sur l’implémentation des mesures dans l’horizon temps. Luc Oesch évoque un
tableau de mesures initiales à court terme en premier, puis une refonte plus
profonde derrière.
Claudine Wyssa soulève les points
forts de l’équilibre générationnel et salue la suppression de la
déduction de coordination. Quid du Lobby ? : Les partis sont-ils
consultés ? l’administration fédérale est-elle impliquée. Comme le dit
Luc Oesch, c’est en fin de soirée que l’on devient créatif et les artifices pour
convaincre les partis plus au bord de l’échiquier se dessinent petit à petit.
Françoise Jaton salue cette
créativité et rappelle que l’Helvète est un champion olympique de l’épargne individuelle
et traditionnelle. Luc rappelle que le 3ème pilier n’a
volontairement pas été inclus dans l’exercice vu qu’il témoigne de l’élan responsable
et propre à chacun. Il souligne
néanmoins l’importance de revoir les montants seuils de CHF 6'800.-/an. Pour
l’instant, des rachats dans le 2ème pilier sont même plus intéressants tant sur le plan fiscal que sur le plan du rendement (2.5-3%) pour autant que votre caisse de pension soit en bonne santé financière.
Michel Gut se demande comment les
jeunes, dont la carrière peut être ponctuée de sabbatique, de congés paternités
et autre temps partiels, pourront bénéficier de rentes suffisantes. Il faut
alors soit assumer son sabbatique ou alors l’Etat doit prélever sur la TVA ou
sur les cotisations salariales. Il y a aussi la différence entre un salarié
employé par une petite société (cotisation de 6%/6%) et la grosse entreprise
garantissant un ratio plus élevé (12% de l’employeur/9% du salarié par exemple). Pas simple.
Jean-Daniel Marchand se demande si d’autres
groupes ont pensé à ces réformes et si une association du CP avec ces structures
serait profitable. L’autre point est l’implication d’entités comme le peuple ou
associations peu ou non politisées pour garantir un joyeux épilogue en cas de
votation populaire. Luc Oesch évoque notamment les autres projets de réformes des partenaires sociaux (Union patronale suisse, Union syndicale suisse et Travail suisse) ainsi que celui de l’Association suisse des Instituts de Prévoyance (ASIP). Le débat ne devrait pas être
trop politisé mais il rappelle que le flux décisionnel se passe à Berne et que
la caution de la population est bonne mais pas toujours suffisante. Mais à la fin, c’est
l’individu qui vote et ça risque de se terminer comme avec la Loi sur le CO2.
Finalement, c’est Mario Fellrath qui
soulève la participation de cotisation des systèmes de robotique et de
digitalisation. Ces derniers ont envahi le marché de l’emploi et en partie
remplacé les humains, surtout de faible formation. Luc Oesch rappelle que ces
dernières 5 années, les nouveaux métiers dans le domaine digital ont sollicité
ses ressources humaines et qu'il a lui-même engagé du personnel pour repourvoir ces nouvelles fonctions indispensables aujourd'hui. De plus, il ne voit aucune objection à étudier des autres systèmes fiscaux, par exemple la micro
taxation de la finance (tu retires CHF 10.- du crache-billet et reçois CHF 9.99).
Vers une abolition du droit de timbre et de la TVA ? C’est l’application
qui sera un challenge.
Reprise de
la vie rotarienne en présentiel
Michel Gut rappelle que les inscriptions doivent se faire par Polaris pour le prochain lunch du 11 juin. Grâce à un système de mails, des rappels seront envoyés. Le
deadline pour les inscriptions reste au mardi à 16 heures.
C’est Kurt Oesch qui ouvrira le bal vendredi prochain avec un topo sur les eaux du Rhône.
Le bulletinier du jour : Philipp Spring