Le vieillissement de la peau et la peau et le Covid-19 par Philipp Spring

föstudagur, 11. desember 2020

Cette conférence a été présentée lors des Z'Apéros du club du vendredi 11 décembre

Le vieillissement de la peau

Introduction

Le vieillissement des cellules cutanées est un cycle stable qui est marqué d’un arrêt à un moment donné précis. Durant ce cycle, des molécules appelées cytokines sont sécrétées et engendrent un phénomène d’inflammation. Certaines maladies cutanées systémiques ou infectieuses sont conditionnées ce processus (xéroderma pigmentosum, VIH). C’est sur ces cibles que la médecine moderne oriente ses traitements. Nous parlons de médecine translationnelle.

Mais c’est aussi ce cycle cellulaire qui dicte le vieillissement de chaque individu et ce de manière très variable en fonction du bagage génétique, hormonal et du mode de vie/alimentaire (épigénétique) de chaque être vivant. L’accumulation de ces cellules en fin de vie promeut la dysfonction tissulaire et augmente ainsi le risque de maladie liée à l’âge. Chaque individu se présente ainsi différemment. Nous parlons de phénotype, et en particulier dans notre sujet de SASP (Senescence promotion secretory Phénotype). Les trois études que je vais brièvement évoquer s’interrogent sur les concepts principaux du vieillissement : les facteurs antioxydant, le stress oxydatif et la senescence cellulaire et tenteront d’objectiver ces derniers.

Étude numéro 1 (M.C : B Hughes et al. JID 2020)

Une étude australienne parue dans le Journal of Investigative Dermatology s’est penchée sur le rôle des de la nourriture riche en antioxydants. La vitamine C en est un exemple. Cette étude prospective sur 15 ans a inclus 777 personnes âgées de moins de 55 ans. Les points de mesure furent les rides et ridules du visage (procédé appelé microtopographie).

 Elle a pu démontrer que les personnes qui ont consommé ces dernières années des aliments riches en antioxydants présentaient environ 10% moins de signes de vieillissement cutané.

Etude numéro 2 (K. TSuchida, M. Kobayashi Scientific Reports 2020)

Cette étude japonaise analyse le vieillissement des zones du visage par un procédé qui se nomme émission ultras faible de photons. L’impact du stress oxydatif ainsi mesuré est différent selon l’anatomie. Alors que dans la partie péri oculaire il est quasi inexistant, son impact est majeur au pourtour du nez et de la bouche. Cette émission de photons est corrélée avec le taux cutané d’une protéine appelée porphyrine. Cette étude nous éclaire ainsi objectivement sur la vulnérabilité des différentes régions de notre visage. La couleur de peau ne représente pas facteur participatif.

Étude numéro 3 (C. Amor et al. Nature 2020)

Enfin, cette étude parue dans le magazine Nature conceptualise la possibilité d’un traitement immunologique du vieillissement. Plus largement, le vieillissement des organes. Les cellules sénescentes, lorsqu’elles accumulent, induisent donc de l’inflammation. Elles présentent à leur surface un antigène qui est une protéine spécifique appelée uPAR. Cette dernière peut constituer une cible. Des cellules immunologiques furent développés avec à leur surface un récepteur à cet antigène (Chimeric antigen receptor). De facto appelées CAR T cells, Elles se lient donc à ces cellules sénescentes et les détruisent. L’efficacité de ces «agents senolytiques» a été démontrée in vivo dans des souris et in vitro.

La peau et le Covid-19

Introduction

Nous avons tous entendu parler dans la presse ou la littérature scientifique de ses réactions étranges au niveau de la peau induite par le Covid-19. Aujourd’hui, je souhaite vous faire part d’observations plus générales sur les conséquences du port du masque sur qualité de la peau du visage et l’effet du rayonnement solaire sur le virus. J’ai choisi 2 études.

Étude numéro 1 (W.-L. Teo et al. JAAD 2020)

Les auteurs de ce travail s’interrogent sur une nouvelle forme d’acné observée durant cette période de pandémie, la «MASKNE». Le port du masque occasionne frottement et occlusion. Ce stress mécanique, ce déséquilibre de la flore cutanée,  les variations de pH et la chaleur induisent des rougeurs et des papules au pourtour de la bouche et sur le nez (zone O du visage, cf. photo). Le traitement diffère de celui de l’acné ou de la rosacée traditionnelle (respectivement zone U et zone T du visage, cf. photo). Par exemple, des dérivés de la vitamine A seraient à proscrire étant donné l’effet irritant augmenté sous occlusion du masque.

Étude numéro 2 (Rahul Kalippurayil, Nature Scientific Reports 2020)

Pour conclure, la faculté de sciences économiques de l’université de Francfort a publié cet article sur le lien entre les ultraviolets et la résistance du virus. Cette étude a mis en évidence sur un panel de données de 152 pays une diminution de la mortalité cumulée par Covid-19 (-12%). Les ultraviolets B auraient un effet protecteur.

Philipp Spring