Conférence d'Isabel Balitzer-Domon

venerdì 15 luglio 2016 12:15-14:00, Hôtel Lausanne Palace
Relatore/i: Présidence: Fabien Loi Zedda

Le Président présente la conférencière du jour, membre du Club, en rappelant qu’en parallèle à une brillante carrière de communicante au service de l’Etat de Vaud au cours de laquelle elle s’illustra notamment en réussissant l’exploit de faire aimer les impôts aux Vaudois (réd : c’est en tout l’avis du président … qui a toujours raison), Isabel Balitzer se distingue par une passion hors normes pour le cheval.

Isabel Balitzer-Dormon fixe d’emblée le cadre de son exposé : est-ce une chance d’avoir une passion ? Ou une calamité ?!

Après avoir cité Paul Carnel dans  La passion est une obsession positive, l’obsession est une passion négative, elle évoque les trois pans de sa passion du cheval, soit le sport hippique de saut d’obstacle, les lignées des chevaux de sport et la pratique de l’élevage.

Elle a ainsi une impressionnante carrière de 30 ans de concours hippique derrière elle au cours de laquelle elle a parcouru 250'000 km au volant de son petit camion et lavé 3'240 fois au moins ses pantalons blancs … !

Mais, manifestement le second pan de cette passion équestre, a pris pour elle une dimension bien supérieure à celui de la compétition. Ainsi, en 1986, elle a publié un livre sur les étalons et leur production et dont l’objet était de déterminer lesquels avaient bien transmis l’aptitude à sauter des obstacles et si eux-mêmes avaient déjà cette aptitude. Elle s’était rendue compte que les mères transmettaient beaucoup de leur qualité de sauteur ce qui lui fait remarquer que les Arabes disaient déjà dans la Haute Antiquité que la mère était plus importante que le père.

Et pourtant, le poulain reçoit bel et bien 32 chromosomes de son père et 32 chromosomes de sa mère.

Alors ? Si la génétique est importante, le phénotype (soit l’expression des gènes et l’influence de l’environnement) l’est plus encore, signale-t-elle. Plusieurs études européennes ont montré que l’héritabilité du «don» pour le saut d’obstacle, se situait seulement entre 25 et 30 %. Les 70 % restants sont issus du phénotype et de l’environnement.

En montrant des photos de jeunes chevaux qui sautent « en liberté », soit sans être monté, elle a posé la question fondamentale : a-t-on renforcé les caractères souhaités en accouplant le père et la mère ?

Un premier cheval se montrait très prometteur avec un style parfait mais n’a accompli qu’une carrière de petit niveau, tandis que le deuxième, au style perfectible, a fait une carrière internationale. C’est le comportement qui a fait la différence, l’un a manqué de courage, tandis que l’autre a eu la volonté d’aller au feu avec son cavalier, dit-elle.

Elle a ainsi signalé que des recherches étaient en cours sur la génomique – une nouvelle science qui étudie les informations de l’ADN -  et que bientôt il sera possible de savoir si l’étalon et la jument sont porteurs de gènes responsable de maladies héréditaires, de telle couleur de robe, de la taille, de la vitesse, de la puissance et aussi du comportement, comme le fameux courage pour sauter des grands obstacles.

Pour le troisième pan, passant de la théorie à la pratique, Isabel Balitzer Dormon évoque sa propre pratique de l’élevage.  Elle a ainsi montré que son dernier né avait profité du soleil de l’après-midi pour découvrir le monde, à la surprise générale, car les juments poulinent pratiquement toujours la nuit. En 24 ans d’élevage elle a fait naître 34 poulains.

Sa passion aujourd’hui, c’est de voir ses jeunes chevaux s’ébattre dans les prés de son Domaine d’I à Vuarrens et d’imaginer ce qu’ils vont devenir…

A l’heure des questions, il lui est demandé si cela rapporte ! Tout en citant des montants relativement importants, Isabel Balitzer Dormon, montre que ce n’est pas une passion avec laquelle on peut gagner de l’argent. Le plus souvent, les poulains sont vendus lorsqu’ils atteignent l’âge de 3 à 5 ans et ce n’est qu’à partir de ce moment qu’ils sont formés et peuvent parfois, s’ils ont les aptitudes, devenir des cracks. Mais, pour l’éleveuse qu’elle est, un champion reste celui qu’elle a vu naître et l’attachement demeure toujours.