Depuis le premier confinement le titre d’un livre de Marguerite Yourcenar me trotte dans la tête. Avec ce second confinement je me suis décidé à le rechercher : Le tour de la prison, (Folio 1991), c’est ainsi qu’elle a nommé un recueil de notes de voyages publiées après son décès. Ces petits textes qui foisonnent de digressions érudites associent des observations, prises sur le vif et des documentations plus élaborées. Elle a regroupé des voyages faits au Canada, aux Etats-Unis, et surtout au Japon. Le titre lui-même est une citation d’un livre plus ancien L’œuvre au noir, paru en 1968, mais aboutissement de 30 années de travail.
De fil en aiguille je me suis mis à lire ce long roman consacré au 16e siècle ( André Delvaux en a tiré un film en 1988) qui nous invite à suivre les pérégrinations de Zénon un « médecin » de Bruges, médecin, c’est-à-dire : chirurgien, hérétique, alchimiste, magicien, philosophe. Marguerite Yourcenar trace une fresque de la situation en Europe au milieu du 16e siècle avec ses guerres, ses conflits religieux et puis cette naissance de diverses observations scientifiques, comme un début de médecine. Un texte étonnamment actuel en fait, car il permet de remonter aux origines de certaines mises en cause actuelles !
Ceci pour nous inciter à méditer sur la relativité de nos prisons, une cellule, une maison, un jardin, le monde avec cette injonction : ne pas mourir avant d’avoir fait le tour de la prison !!
Patrick Schaefer