Les élections américaines - pas si simple ! Par Teddy Püttgen

četvrtak, 12. novembar 2020.

« Et maintenant, que vais-je faire ? » chantait Gilbert Bécaud – c’est aussi la question que se pose très probablement Joe Biden.

Alors qu’il semble bien – je reviendrais sur le « il semble bien » - que Joe Biden et Kamala Harris ont gagné les élections pour la présidence, les Démocrates ont, en fait, échoué dans plusieurs autres élections du 3 novembre. Comme déjà évoqué dans ma causerie du lunch du 18 septembre, alors que tous les Américains ont voté pour la présidence et qu’ils ont aussi tous choisi leur candidat à la chambre des représentants, seulement une partie d’entre eux ont choisi leur candidat au Sénat et peut être aussi pour le gouverneur de leur Etat. Ils ont tous choisi leur candidat à la Chambre des représentants et peut être aussi pour le Sénat de leur Etat, sans parler du chérif, du procureur local, etc.

Ces multiples élections réunies en un même scrutin expliquent la complexité et la durée du dépouillement. Le vote des militaires stationnés tout autour du monde allonge aussi le dépouillement – ils votent sur place mais le dépouillement a lieu dans le comté de leur base aux Etats Unis.

Le Sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans. Il y avait donc 33 sièges de sénateur à renouveler plus encore deux élections spéciales en Géorgie et au Nevada. Les Républicains avaient 53 sièges et les Démocrates en avaient donc 47 avant les élections. Alors que ces quelques lignes sont écrites, les Républicains ont gagné 50 sièges et les Démocrates 48 ; il reste donc deux sièges à décider. Les deux sont en Géorgie ; en effet, aucun candidat n’a reçu la majorité, ce qui est requis en Géorgie pour être élu. Une nouvelle élection sera donc organisée le 5 janvier 2021. Si les Démocrates gagnent les deux sièges, il y aura un équilibre parfait entre les deux parties et ce sera donc la présidente du Sénat, c’est-à-dire la Vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, qui fera pencher la balance, probablement du côté des Démocrates.

Joe Biden semble avoir gagné l’élection présidentielle en Géorgie mais avec une très faible marge de moins de 15 000 votes sur environ 5 millions de votes exprimés. Un recomptage des bulletins de vote est en cours.

Le Sénat est très important car il lui incombe d’approuver les nominations du Président pour beaucoup de postes au niveau fédéral, notamment les juges et donc les juges fédéraux. Steven Breyer, un des trois juges suprêmes libéraux, à 82 ans….

La Chambre des représentants est entièrement renouvelée tous les deux ans : il y a avait donc 435 sièges à pourvoir. Avant les élections les Démocrates détenaient 232 sièges et les Républicains 197. De nouveau, alors que ces lignes sont écrites, les Démocrates ont gagné 218 sièges et les Républicains 203. Il reste donc 15 sièges ouverts, soit parce que le dépouillement n’est pas terminé soit car il y aura ballotage, réponse aussi le 5 janvier. Il est donc certain que les Démocrates vont garder une majorité, mais nettement moins confortable.

La Chambre des représentants est cruciale car toutes les initiatives budgétaires, donc les réformes fiscales, qu’une administration Biden voudra mettre en œuvre, doivent d’abord passer par là.

Les gouverneurs jouent un rôle très important notamment au niveau justice et police ainsi que dans la lutte contre le Covid. Les Démocrates détenaient 24 sièges de gouverneur avant les élections et les Républicains 26. 11 sièges étaient à repourvoir en 2020. Les Démocrates ont perdu un siège que les Républicains ont gagné.

Les parlements des Etats ont un rôle très important au niveau fédéral. La répartition des 435 sièges à de la Chambre des représentants est basée sur le recensement effectué tous les dix ans ; le dernier a eu lieu en 2020. La responsabilité de la configuration géographique des circonscriptions dans chaque état est laissée aux parlements locaux.

Il y a 99 chambres des représentants et sénats dans les 50 Etats – l’Alaska n’a qu’une chambre. Les sièges de 86 de ces assemblées ont été entièrement ou partiellement renouvelés le 3 novembre. Les Républicains avaient la majorité dans 59 de ces assemblées et les Démocrates dans 39 ; les premiers résultats indiquent que les Républicains devraient gagner la majorité dans au moins encore trois.

Conclusion

Malgré les manœuvres plus ou moins élégantes de l’équipe de Donald Trump, il semble donc bel et bien que Joe Biden et Kamala Harris « seront aux manettes » des Etats-Unis dès le 20 janvier. En effet, les efforts de recomptage n’y changeront très vraisemblablement rien. La tactique de faire en sorte que les élections soient déclarées comme non valides, pour cause fraude, et de voir ainsi les parlements locaux choisir les grands électeurs semble être encore plus invraisemblable ; en effet, les administrations des Etats ne voudront en aucun cas donner l’impression qu’ils n’ont pas su gérer les élections !

Il est toutefois à craindre que la marge de manœuvre de la nouvelle administration ne soit très limitée vu les autres résultats des élections du 3 novembre. Il faut aussi garder dans l’esprit que Donald Trump a reçu plus de votes qu’aucun autre candidat à la présidence – sauf Joe Biden ! Il est donc peu vraisemblable que Donald Trump ne se concentre que sur son bronzage et sur la manière de tricher sur ses parcours de golf !

Teddy Püttgen